Sur les chemins du bon pain
Une agriculture bio et diversifiée
Mardi 16 juillet dans le cadre de nos visites d’été, un groupe de paroissiens s’est rendu sur la ferme de Laurent Pénicaud au Pont de Piquet à Linards. Agriculteur depuis 1987 en élevage ovin bio, Laurent a commencé à cultiver des blés anciens et a mené l’affaire au bout en s’équipant de matériel de stockage et d’un moulin à farine. Nous lui avons posé quelques questions.
Tu cultives du blé et fais de la farine panifiable, qu’est ce qui t’a amené à faire ce choix peu courant dans la région ? Je pense qu’un paysan ne peut pas produire sans aucun lien avec les gens qui vont consommer ses produits, j’avais besoin de ce lien direct, de ce contact humain qui donne sens à notre activité, j’avais besoin du retour de mes clients, c’est ce qui m’a déterminé à aller au bout de ma démarche.
Pourquoi cultives-tu des blés anciens ? J’ai découvert les blés anciens suite à une journée des CIVAM (centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural), on m’a proposé juste une poignée de blé de la variété Saint Priest que j’ai cultivé, récolté et multiplié artisanalement. Très vite j’ai trouvé plusieurs avantages à ce blé : sa hauteur de paille qui permet de mieux concurrencer les adventices (mauvaises herbes) sa résistance aux maladies car justement il a été sélectionné par des agriculteurs bios mais surtout pour la qualité des parfums qu’il dégage et sa digestibilité.
Pourquoi en bio ? Pour moi c’était une évidence, dès mon installation. Déjà personnellement je suis allergique aux produits chimiques, il y avait aussi ce refus de dépendre de l’agrochimie qui impacte non seulement nos finances mais surtout la santé de tant de gens. De plus mon exploitation familiale n’avait jamais connu l’intensification agrochimique et j’avais aussi connu un exemple d’agriculteur en bio.
Si tu n’utilises pas de pesticides, comment fais-tu pour lutter contre les mauvaises herbes, contre les maladies du blé dont se plaignent les agriculteurs conventionnels ?
L’agriculture bio est un système qui ne va pas avec la spécialisation et la monoculture. Il faut d’abord une bonne rotation des cultures qui va limiter les adventices. De plus les variétés anciennes sont hautes en paille, donc elles écrasent ce qui pousse en dessous et du coup les maladies cryptogamiques sont plus longues à atteindre l’épi. Je pense aussi que les pesticides fragilisent les générations de blés et créent ainsi une dépendance. Enfin, il m’arrive de faire un désherbage mécanique avec une bineuse que j’ai conçue. Ma formation de dessinateur projeteur m’a servi.
Quelle est ta clientèle ? Penses-tu pouvoir l’étendre ? Ma clientèle est bien diversifiée : AMAPS, des boulangers, des particuliers, des magasins. Je ne pense pas pouvoir l’étendre car je n’arrive pas à satisfaire la demande localement. Produire pour le local et à des tarifs accessibles est un choix qui me va bien. Nous proposons le sac de 20kg à 30€ et le sac de 5kg à 10€.
En conclusion ? Je peux dire que je suis fier et heureux de cette démarche. Le métier de paysan ne peut pas être une application mécanique des « indications » des marchands d’engrais, de semences, de pesticides…etc. Le paysan doit d’abord réapprendre à observer, écouter, goûter, sentir. C’est la base de nos savoirs faire. Peut-être que l’agriculture ne peut être biologique que si elle est d’abord contemplative.
Propos recueillis par Armand Meyzeaud
* Contact, Laurent Pénicaud, tel : 05-55-75-52-97
*FNCIVAM : Fédération Nationale des CIVAM – *CIVAM : Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu –
*AMAP : association pour le maintien d’une agriculture paysanne ou association pour le maintien d’une agriculture de proximité.